Un benchmark sur l’absentéisme, ça paraît simple à faire. On passe un ou deux coups de téléphone aux entreprises auxquelles on veut se comparer pour récupérer leurs chiffres, puis on fait un joli graphique avec de belles couleurs pour voir comment on se situe par rapport à elles. Ca, c’est la théorie.
La pratique, c’est un peu plus l’horreur. C’est soit des entreprises que tu connais bien, des gens dans ton réseau ; soit des milliers de coups de fil pour identifier la personne de l’entreprise cible qui pourra te donner son taux d’absentéisme, la convaincre de te le donner alors que cela reste encore largement tabou dans le monde économique.
Une fois que vous avez les données des 10 entreprises que vous voulez comparer, vous pensez que le plus gros du travail est fait ? Que nenni ! Il vient à peine de commencer. En effet, chaque entreprise choisit les données qu'elle inclut dans le taux d’absentéisme. Il y a les données de base communes : les accidents du travail et de trajet, les congés maladies, les absences injustifiées… Puis ensuite, il y a les congés autorisés : les congés maternité, paternité, déménagement, deuil, naissance, mariage, enfants malades… Là, déjà ça se complique parce qu’ils ne sont pas les mêmes d’une entreprise à l’autre. Certaines accordent 1 jour en cas de mariage, d’autres 3. Certaines accordent 10 jours par an pour les parents d’enfants malades tandis que d’autres, cette rubrique, elles ne la connaissent pas. Mais ce qui est encore plus problématique, c’est tout ce que les entreprises mettent (ou ne mettent pas) après : les congés sabbatiques, les crédits d’heures pour mandats syndicaux, les mesures disciplinaires…
Comme vous le voyez, la tâche se complique. Comment comparer des choux et des carottes ? Le pire, ce sont les modes de calcul qui diffèrent : certaines entreprises comptent en jours ouvrables, d’autres en jours ouvrés. Certaines sur des semaines de 5 jours, d’autres sur 6 jours… Bref, vous repassez dix coups de fil à vos correspondants qui ne sont pas joignables, qui ne vous rappellent pas, qui ont changé de poste, qui sont tous en congés… Sachant que sur 10 personnes interrogées, 8 vont vous dire que le mode de calcul utilisé... elles n’en ont absolument aucune idée, quelle est la probabilité que vous avez de faire une comparaison de qualité ?
Finalement, avec beaucoup de patience, d’intuition, d’astuces et de bidouillage, j’arrive toujours à un benchmark qui tient la route. Mais à chaque fois, je ne peux jamais m’empêcher de penser à ma maîtresse en CP qui m’a appris à calculer. On devait dire par exemple si tel chiffre ou telle somme était supérieur à tel autre. Elle nous disait souvent qu’il ne fallait pas mélanger les choux et les carottes. Hé bien, voyez-vous, près de trente ans après, je me dis qu’elle n’avait pas tout à fait tort.
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