mardi 10 mars 2009

Dur, dur d'être médecin !

Les managers dont l’équipe ou l’établissement connaît un taux d’absentéisme important ont tous le même fantasme maléfique : le médecin traitant qui distribue des arrêts de complaisance à tour de bras.

Les études de la CNAM montrent quant à elles que les médecins de complaisance, pris en flagrant délit en tout cas, il n’y en a pas tant que ça. Et surtout, vu l’augmentation des contrôles et la responsabilisation des médecins, il y en a sûrement de moins en moins.

Toujours est-il que je discute régulièrement de la problématique des arrêts maladie avec des médecins. Tous me disent qu’il est toujours difficile d’évaluer le nombre de jours nécessaires à un patient que l’on ne connaît pas. « Quand on est un médecin de famille, qu’il y a une relation de confiance, que l’on connaît le patient depuis longtemps, c’est facile, me disait ainsi l’un d’eux. Mais quand c’est une personne qu’on voit pour la première fois, qu’on ne connaît pas l’entreprise où elle travaille ni vraiment ses conditions de travail, là, c’est vraiment du ressenti, il y a une part de subjectif, c’est sûr, il faut le dire. »

La difficulté est d’autant plus grande que la maladie est invisible et la douleur insondable. « On est obligé de faire confiance aux patients aussi. On n’est pas omniscient. Et puis on n’est pas égaux devant la douleur. Certains résistent mieux que d’autres devant la même souffrance. » Je comprends bien la difficulté du médecin : comment évaluer la force d’une douleur dans le dos ? Comment évaluer la profondeur d’une dépression ?

D’où les disparités en terme d’arrêts prescrits par les uns ou les autres. Une journaliste feignant d’être fatiguée et de s’être disputée avec son chef a ainsi pu obtenir entre 6 à 11 jours d’arrêt suivant les 4 médecins consultés (cf. B. Dillies, « 6 à 11 jours d’arrêt pour une simple fatigue », La Dépêche du Midi, 30 juillet 2007).

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