dimanche 15 mars 2009

Les intermittents de la maladie

Si j’étais médecin-contrôleur à l’Assurance maladie, autrement dit si je devais contrôler régulièrement des individus en arrêt maladie pour vérifier qu’ils sont effectivement malades ou en convalescence le jour J, je crois que je contrôlerai en priorité les chantiers de construction de maisons individuelles qui avancent trop vite de façon suspecte.

En effet, à part les retraités et les femmes au foyer, qui a le temps de construire sa maison aujourd’hui ? Les quelques personnes que je connais qui font eux-mêmes leur maison ont bien du mérite à mes yeux, y consacrant quelques soirées, leurs vacances et l’essentiel de leurs week-ends. Même motivés et énergiques, il leur faut des années pour y arriver, à moins de se faire aider.

Il n’est donc pas très étonnant que l’une des principales motivations des faux arrêts maladie soit d’avancer un peu plus vite dans la construction de sa maison. J’ai ainsi croisé une fois un bonhomme faisant partie de ceux que j’appelle personnellement les « intermittents de la maladie ». Officiellement, il s’était blessé au bras. Officieusement, il s’affairait à refaire le toit de son logis. Mais comme de temps en temps ses collègues lui manquaient, il mettait un bandage au bras gauche, une écharpe et une attèle, et allaient les rejoindre à l’heure du déjeuner ou pour boire un verre.

A l’image des intermittents du spectacle qui jonglent entre chômage volontaire, chômage réel et activité non déclarée, il y a des intermittents de la maladie qui passent parfois en un rien de temps d’un corps en miettes à un corps d’athlète. Après tout, d’autres passent bien du rire aux larmes. Alors, pourquoi pas ?

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