J'ai pas fini de vous raconter ma rencontre avec un professionnel de l'absentéisme, une jeune femme qui se disait régulièrement dépressive pour suivre son cursus de philo à la fac.
Je lui demande si elle ne se sent pas quand même un peu coupable d'abandonner ses collègues et de tromper son employeur. Hé bien, figurez vous que pas du tout ! Bien au contraire. Je rentranscris en gros son discours :
"Déjà, mes collègues, je m'en tape. Si ça ne les dérange pas de faire un boulot de merde, c'est leur problème. Moi, personnellement, me faire engueuler à longueur de journée par des clients qui sont chiants, ça ne m'intéresse pas tellement. Et puis, mes collègues, de toute façon, je les vois presque jamais. A part un ou deux avec qui je m'entends bien, j'ai pas de contact avec eux.
"Après, il y en a peut-être qui peuvent se permettre de faire financer leurs études par leurs parents, s'ils ont de l'argent. Moi, ma mère est secrétaire, donc c'est pas elle qui payera mon studio dans le 5ème. C'est pas ma faute si le système de bourse est mal fait. C'est à l'Etat d'aider les jeunes à s'en sortir. Finalement, c'est mon employeur qui me finance, ça revient presque au même.
" Et puis c'est pas normal qu'il y ait tant d'étudiants qui doivent faire des petits boulots, des jobs pourris le soir et le week-end pour se cultiver et sortir un peu de cette société de consommation de m..."
Le seul remords qu'elle pourrait avoir, c'est vis-à-vis des médecins qui lui accordent ses arrêts. Jouer la jeune fille dépressive l'amusait au début. Aujourd'hui, ça l'ennuie. Elle le fait tous les deux mois : "un mauvais moment à passer, j'ai l'impression de les tromper. Je trouve ça hallucinant comme on peut feindre si facilement une maladie ou une souffrance à un médecin. La médecine j'y croyais avant. Je commence à en douter".
Politiquement, cette jeune femme ne se dit pas encartée, mais proche de la LCR. Elle m'a conseillé un bouquin, que moi-même je vous conseille : Les Intellos précaires, de Anne et Marine Rambach (Fayard, 2001). Un livre à la fois amusant en raison des décallages entre les aspiratons professionnelles et les réalités concrètes (ses doctorants qui financent leur thèse en bossant chez Mc Do ou Pizza Hut) et déprimant : tous les hommes politiques disent qu'il faut mettre l'accent sur l'avenir, c'est-à-dire sur les jeunes et la recherche. Apparemment, il reste fort à faire !
Je lui demande si elle ne se sent pas quand même un peu coupable d'abandonner ses collègues et de tromper son employeur. Hé bien, figurez vous que pas du tout ! Bien au contraire. Je rentranscris en gros son discours :
"Déjà, mes collègues, je m'en tape. Si ça ne les dérange pas de faire un boulot de merde, c'est leur problème. Moi, personnellement, me faire engueuler à longueur de journée par des clients qui sont chiants, ça ne m'intéresse pas tellement. Et puis, mes collègues, de toute façon, je les vois presque jamais. A part un ou deux avec qui je m'entends bien, j'ai pas de contact avec eux.
"Après, il y en a peut-être qui peuvent se permettre de faire financer leurs études par leurs parents, s'ils ont de l'argent. Moi, ma mère est secrétaire, donc c'est pas elle qui payera mon studio dans le 5ème. C'est pas ma faute si le système de bourse est mal fait. C'est à l'Etat d'aider les jeunes à s'en sortir. Finalement, c'est mon employeur qui me finance, ça revient presque au même.
" Et puis c'est pas normal qu'il y ait tant d'étudiants qui doivent faire des petits boulots, des jobs pourris le soir et le week-end pour se cultiver et sortir un peu de cette société de consommation de m..."
Le seul remords qu'elle pourrait avoir, c'est vis-à-vis des médecins qui lui accordent ses arrêts. Jouer la jeune fille dépressive l'amusait au début. Aujourd'hui, ça l'ennuie. Elle le fait tous les deux mois : "un mauvais moment à passer, j'ai l'impression de les tromper. Je trouve ça hallucinant comme on peut feindre si facilement une maladie ou une souffrance à un médecin. La médecine j'y croyais avant. Je commence à en douter".
Politiquement, cette jeune femme ne se dit pas encartée, mais proche de la LCR. Elle m'a conseillé un bouquin, que moi-même je vous conseille : Les Intellos précaires, de Anne et Marine Rambach (Fayard, 2001). Un livre à la fois amusant en raison des décallages entre les aspiratons professionnelles et les réalités concrètes (ses doctorants qui financent leur thèse en bossant chez Mc Do ou Pizza Hut) et déprimant : tous les hommes politiques disent qu'il faut mettre l'accent sur l'avenir, c'est-à-dire sur les jeunes et la recherche. Apparemment, il reste fort à faire !
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