mardi 10 mars 2009

Vivent les agressions ?

D’habitude, pour les salariés exposés à des clients difficiles, les agressions (qu’elles soient verbales ou physiques) font exploser les taux d’absentéisme. En effet, ce n’est pas seulement l’individu agressé qui est touché, mais l’ensemble de ses collègues qui font preuve d’empathie. Ils se sentent particulièrement vulnérables et certains, en cas d’agression importante, ressentent ce qu’on appelle le complexe du survivant : ils culpabilisent d’être sortis indemnes de l’accident, contrairement à la victime directe.

Pourtant, dans mes récentes pérégrinations, j’ai rencontré un directeur dont l’établissement avait été l’objet d’un hold-up et qui était à deux doigts de me dire « vivent les agressions ! ». En effet, à la suite du hold-up, cet établissement de taille moyenne a été au cœur des préoccupations du DRH régional, du responsable de la sécurité basé au siège, des médecins du travail, de psychologues envoyées sur place juste après l’accident… « Tout le monde est venu nous voir ! », ironisait-il, alors qu’auparavant il était déjà tout content s’il voyait le DRH départemental une fois par an !

L’attention portée à cet établissement, la reconnaissance de la difficulté du travail des salariés, la mise en place d’un nouveau dispositif de sécurité a permis aux salariés de l’établissement en question de se sentir reconnus et valorisés. En outre, l’accident a soudé l’équipe alors qu’elle ne faisait pas spécialement preuve de solidarité jusqu’ici. Quelques mois après le hold-up en tout cas, les chiffres de l’absentéisme étaient parlants : il était inférieur de 15% à celui antérieur. De là à dire « vivent les agressions ! », il y a un pas que je ne franchirai pas.

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